Le consommateur néophyte est souvent perdu devant un étalage de vins. Il voit les étiquettes des bouteilles et des prix et reçoit très rarement des conseils d’un vendeur compétent. Faut-il nécessairement prévoir un budget conséquent de vins pour Noël ? Eh bien, je vais vous montrer que NON. On peut trouver des vins pas chers qui pourront s’harmoniser merveilleusement avec vos plats de fête.
Cet article participe à l’évènement « Des repas de fêtes à petit prix » du blog Petits Plats Faciles. J’apprécie beaucoup ses contenus et particulièrement cet article.
Un vin pas cher peut-il être bon ?
Quel est le juste prix d’un vin (ou d’ailleurs de tout autre produit de terroir) ? Dans mon métier de sommelier, je me suis posé forcément souvent cette question et mes clients se la posaient aussi souvent ! Je suis arrivé à la conclusion qu’il fallait exclure les plus petits prix et aussi souvent les gros prix.
Les tous petits prix
D’une part, il ne faut pas s’attendre à des miracles question goût si l’on paye une bouteille 3, 4 ou même 5€. Le vigneron ou plus probablement l’industriel qui aura fourni le vin aura gavé au maximum la vigne pour faire le plus de rendement possible et donc avoir un bas coût de revient unitaire. Qui dit hauts rendements dans la vigne dit piètre qualité du vin issu des raisins de ces vignes. Le producteur aura beau mettre beaucoup de soufre, de sucre ou d’autres correctifs en cuve pour stabiliser le vin et cacher ses défauts, un dégustateur attentif ne se fera pas berner. Et si votre palais se fait tromper, votre corps réagira tôt ou tard. Un vin « low-cost », c’est un vin chargé en soufre (attention au mal de tête !), en sucre et en pesticide, un cocktail détonnant…
Après avoir goûté des milliers de vins et m’être rendus sur des centaines d’exploitation viticole, j’estime qu’il n’y a pas de prix juste d’un vin à moins de 6-7 €.
Les vins très chers
A contrario, un vin très cher ne sera pas forcément d’un bon rapport qualité-prix. Certains domaines excellent pour faire croire au consommateur que leur vin est une pépite. Le terroir est mythique, voire béni des dieux. La technologie et le savoir-faire sont de pointe. La rareté est de mise. Le millésime, chaque année, est encore meilleur ou plus singulier que le précédent. À renfort de publicités et de journalistes complaisants, le néophyte comme parfois l’amateur de vin pourront être trompés. Pire, ils pourront se voir imposer des profils de vin type qu’ils croiront être le goût référence d’un grand vin. Ainsi, j’ai été très souvent déçu par les vins à plus de 100 euros. Certes, ils peuvent impressionner le palais par leur alcool, leurs tanins et leurs arômes flatteurs. Mais, dès le premier verre ou le deuxième, on se fatigue vite.
Les vins « milieu de gamme »
Alors, entre les vins low-costs et les vins luxueux, il s’agit de miser sur des vins pas chers de “milieu de gamme”. Leur prix ne reflétera pas les investissements et les astuces du marketing. Ils seront faits par un vigneron attaché à son terroir, qui mise plus sur son savoir-faire que sur une technologie de pointe. Et ces vignerons, certes, doivent gagner leur vie. Mais ils sont souvent des structures économiques relativement légères. Et ils ont surtout envie que leurs vins soient bus par le plus grand nombre d’amateurs.
Comment et où acheter des vins pas chers et bons ?
Alors vous me direz : “c’est bien beau, Mathieu, mais on ne sait toujours pas quel vin pour Noël on va servir !”
Bon, si vous avez un budget limité, je vous conseille de cibler la gamme de prix entre 6-7€ et 12€. Et pourquoi ne pas aller chez un caviste de qualité pour vous faire conseilleur ? Vous avez aussi l’option d’acheter votre “vin” directement au domaine. D’ailleurs, un peu plus loin dans l’article, je vais vous conseiller 3 vins pas chers en ligne, disponibles sur les sites des vignerons.
Acheter chez son caviste indépendant – comment et pourquoi ?
Les petits domaines qui font la majorité des vins de terroir sont pour la plupart écartés de la Grande distribution puisqu’ils ne peuvent pas fournir suffisamment de volumes pour des ventes avec une couverture nationale. En revanche, nombre de cavistes indépendants sont des « passeurs de vin ». Ils dénichent des pépites dans les salons ou directement dans les vignobles. Ce sont eux souvent qui vont diffuser les vins de nouveaux vignerons talentueux encore peux connus et qui ont des prix doux.
Pour identifier ces cavistes qui proposent des vins fins pas chers ou à des prix raisonnables, quelques recettes :
- le bouche à oreille bien sûr ;
- choisir des caves qui ne vendent pas (ou peu) des vins à 3, 4 ou 5€ sous prétexte de trouver une demande sans se préoccuper vraiment de la qualité du flacon ;
- regarder si la cave arbore un label (ex : caviste indépendant) ou distille des messages promouvant des petits vignerons de terroir souvent sur un ton humoristique.

Quel vin pour Noël ? 3 exemples de vins pas chers
Il n’est pas forcément nécessaire de dépenser beaucoup pour bien manger. D’ailleurs, un précédent article de ce blog vous donnait quelques astuces. Avec l’aide de collègues blogueurs qui vous proposent 3 recettes de plats de Noël, je vous propose pour chacune de ces recettes de les accompagner d’un vin excellent et bio à un bon rapport qualité-prix.
Prix : 9,50 € |
Sur ce plat gourmand, je vous propose un Cévennes blanc tout en gourmandise également. Comme le plat est très aromatique et avec la douceur apportée par le sirop d’érable, je vous propose ce vin blanc, certes sec, mais explosif sur le plan aromatique, notamment grâce au cépage Viognier (50% de l’assemblage). Ainsi, le vin sera armé pour faire face au parfum du plat. De plus, la rondeur aromatique de cette cuvée apportera une rondeur gustative qui lui permettra “d’absorber” le sucre du plat. Ainsi, un combo bien ajusté !
AOP Muscadet NOUVEAU – Grains de Raisins – domaines Landron – 2022 |
Prix : 11€ |
Ce plat mijoté a de la puissance gustative. Le gras de la viande va lui donner de la chaleur. Je vous propose donc un vin à la fois vif et charnu. Mon choix se porte sur le Muscadet nouveau du domaine Landron. Il présente une acidité marquée, donnant une tonalité fraiche qui contrebalance la chaleur du plat. Comme c’est un vin nouveau fraichement tiré de la cuve, ses arômes de levure sont intenses et vont se marier avec bonheur avec le braisage à la bière des joues de porc. J’en salive d’avance ! Si vous voulez en savoir plus sur ce domaine, rendez-vous ici !
AOP Blaye-Côte de Bordeaux – cuvée majeure – Château Peybonhomme – 2020 |
Prix : 12€ |
Pour harmoniser ce dernier plat, pourquoi pas faire plaisir à votre Tonton invité au réveillon de Noël qui ne jure que par les vins de Bordeaux ? Je vous propose un Blaye d’un certain classicisme par son mode d’élaboration et notamment son élevage en fûts. Mais c’est aussi un vin d’un fruité éclatant, avec des tanins élégants, une rondeur marquée grâce à sa dominante de raisins merlot bien mûrs. Sa délicatesse et sa chair vont faire écho à la ballottine de volailles. Mais attention à ne pas trop cuire cette dernière sinon de délicatesse il n’y en aura plus 😉 !
Alors, vous êtes prêts à vous régaler à Noël sans vous ruiner ? Suivez mon mode opératoire ! Faites aussi une belle table, cela participe tant au plaisir de la fête. Je vous en parlais d’ailleurs récemment dans cet article. Et envoyez-moi ci-dessous vos commentaires sur vos fêtes gustatives !
Super article Mathieu ! Je te remercie encore pour ta participation à mon évènement interblogueurs !
Je suis sûre que le bordeaux se mariera à merveille avec ma recette de ballotines 😃